Entre la Révolution Française de 1789 et la seconde moitié du XIXe siècle, l’architecture et la construction connaissent des mutations importantes en Europe. Pendant cette période transitoire vers l’Architecture moderne, le procès de la construction s’adapte et se transforme.
Les artisans, tailleurs de pierre, maçons, charpentiers et autres tendent à perdre leur autonomie au profit de l’industrialisation. Le langage architectural emprunte des éléments des différents styles de l’histoire de l’architecture Européenne et également des ‘pays lointains” (particulièrement au Moyen-Orient et en Extrême-Orient).
De cet éclectisme naîtront des styles architecturaux néo-gothiques, néo-classiques, revivals, etc., qui caractériseront cette fin de siècle. A cette époque, la bourgeoisie haïtienne confirme son pouvoir économique et politique et adopte les codes esthétiques européens, notamment en littérature, en musique et surtout en architecture. Les constructeurs haïtiens vont reprendre, en l’adaptant, cette architecture éclectique venue d’Europe. De ce contexte naîtront les résidences que nous appelons vulgairement en Haïti: gingerbread.
![Gingerbread Haiti](https://lh3.googleusercontent.com/blogger_img_proxy/AEn0k_tJ5U_h1LR5nNiN_8KQ_kTzF2779VXB-FfUkWR10aG5Qhx8aX3-aFfWdFTWiKiBo6HDa94zPpDtX4ET1GZh7_vuhRZfk9izyr6yeTxJOYnEaYmVoT2qRAA=s0-d)
C’est également à cette époque que nombre d’éléments d’architecture ou d’édifices en fer provenant de France et de Belgique particulièrement furent introduits dans le paysage urbain haïtien.
Les villes vont “se mettre à la mode” et cette époque lèguera une impressionnante collection d’édifices d’architecture brillante qui deviendra plus tard l’image stéréotypée de l’architecture traditionnelle haïtienne.
En général ces constructions bourgeoises sont réalisées en pans de bois, en briques ou, plus tard, en béton armé.
Elles ont un, deux ou, plus rarement, trois niveaux sous combles, sont pourvues de spacieuses galeries sur lesquelles ouvrent de larges portes garnies de persiennes.
Ornées extérieurement de balustrades, de colonnettes, de croisillons, de frises en bois découpés, elles s’agrémentent souvent à l’intérieur de boiseries.
Leurs plans présentent des pièces en enfilades, accolées les unes aux autres renforçant une certaine monumentalité recherchée. Les toitures sont recouvertes de tôles ondulées pour la plupart ou de tuiles de fibrociments ou d’ardoises, plus rarement.
![Gingerbread haiti](https://lh3.googleusercontent.com/blogger_img_proxy/AEn0k_tnHps43cv2B406fxBR7IkAciuFo5MxJ2NsVbAOZxpSs3qlGZFgfNH-9FnodzURRJ8MBcWYkV1aBClUtZW3bLuDKCt-bDTkdnXWO2Lz47gIu-cBvTU7IIk=s0-d)
Elles sont compliquées à souhait de tourelles et de clochetons. Leur façade est rehaussée d’oeils-de-boeuf et de girouettes.
“Cet abus d’ornement, très dans la note du modern style, ajoute au luxe et à l’originalité de ces constructions dont l’architecture s’accommode avec bonheur aux convenances de la vie tropicale”.
A la faveur de la révolution industrielle européenne du XIXe siècle, les usines anglaises, françaises et belges produisent des éléments d’architecture modulaires, tels que balcons, frises, vérandas, escaliers, etc., ou même des édifices entiers tels que résidences, gares de chemins de fer, marchés, halles, églises, théâtres, ou encore kiosques à musique, tribunes, phares, miradors, réservoirs, ect., tous préfabriqués, démontables, transportables et proposés à la clientèle du monde entier sur catalogue.
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, Port-au-Prince tente timidement un début d’industrialisation. Des manufactures commencent à s’installer en périphérie de la ville ou sur le littoral, autour du port. Un essor économique s’amorce et la construction reprend. De grands projets d’architecture et d’urbanisme se dessinent.
Le marché Vallière, principal centre d’approvisionnement de la capitale, reçoit une magnifique structure en fer et fonte; les halles de la douane sont construites. Cette tentative industrielle aura pour revers d’attirer la première vague de migration massive vers la ville, provoquant une sévère crise de logement, les nouveaux migrants venus de la campagne avoisinante s’installent, faute de structure d’accueil, sur les terrains impraticables en bordure Nord et Sud de la ville, entremêlant pour l’édification de leurs abris, matériaux récupérés et matériaux traditionnels.
Pour la première fois depuis sa création, Port-au-Prince sort de ses limites initiales de 1750. Les classes aisées se séparent de leur commerce et construisent leurs résidences le long des chemins menant à la campagne (le chemin de Lalue qui deviendra plus tard l’avenue John Brown, le chemin du Bois-Verna qui deviendra l’avenue Lamartinière, le chemin des Dalles, l’avenue Christophe, etc.).
Le quartier du Morne-à-Tuf se développe timidement au Sud. Les premieres constructions de chaussées et trottoirs, d’aménagement de réseaux d’évacuation des eaux pluviales, de captage et de canalisation moderne d’eau potable sont exécutés. Les anciens ponts en bois sont remplacés par de nouveaux en maçonnerie ou en fer. A la fin du XIXe siècle, la ville compte près de 70,000 habitants, 8000 maisons..., soit le triple de la ville coloniale.
Au tournant du siècle, de grands édifices voient le jour, oeuvres d’architectes haïtiens ayant étudié en Europe, particulièrement en France, et qui sont revenus au pays avec une forte influence de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.
Georges Baussan, le plus célèbre d’entre eux, dessinera des immeubles marquants du paysage urbain de Port-au-Prince tels le Palais National, les Casernes Jean-Jacques Dessalines, le Lycée Alexandre Pétion et, plus tard, l’Hôtel de Ville.
Le majestueux Palais de Justice quant à lui est l’oeuvre de l’architecte Léonce Maignan. De cette même époque date la construction de la Cathédrale de Port-au-Prince et du Palais des Finances.
Si pour l’architecture domestique, et religieuse l’influence du néogothique prédomine, pour l’architecture officielle, le style néoclassique est retenu, pour la monumentalité qu’elle assure.
En fait, le choix du style néoclassique transplanté en Amérique répond à des motifs d’ordre politique. Choix esthétique réalisé depuis le début du XIXe siècle par les pays d’Amérique nouvellement indépendants, les formes classiques prennent une signification idéologique et deviennent symbole des vertus républicaines. Elles acquièrent, en outre, une valeur représentative d’autant plus importante que l’Etat doit manifester sa présence sur la scène internationale, en dépit des difficultés de toutes sortes.
GOOD DJOB GUYS I LUV THAT TRAVAY POU PEYIII NOU ...NOU PAP JANM BLIYE HAITI
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